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FUITES MINEURES

Éditions Mémoire d'encrier

Année : 2014

Nombre de pages : 202

ISBN papier : 978-2-89712-254-6

ISBN numérique : 978-2-89712-255-3

 

RÉSUMÉ

 

Des jeunes se lancent sur la route, fuyant le monde dessiné pour eux. Ils se perdent dans les bois, inondent les rues et les partys. Ils courent leur révolte, crient leur camaraderie.

Fuites mineures est un chant sauvage qui éclate frontières et horizons. Une aventure rythmique où priment le corps, l'oral et l'instant. Avec ce récit fougueux, une voix s'affirme. Un Mahigan à son meilleur.

Des virées. Des frenchs, des buvards, des sensations. Des trips sur le pouce. Des tournées en char. Des expéditions dans les villes. Une communauté éphémère aux surnoms bizarres. On a 13, 15, 17 ans, et une immense soif d'espace. Ce n'est pas un livre sur l'adolescence. C'est la fuite qui crie à travers moi.

On a 13, 15, 17 ans, et une immense soif d'espace.

EXTRAIT COURT

 

Et j’avais beau aller à Montréal et j’avais beau frencher et j’avais beau faire plus, et prendre encore du mush des fois et faire des voyages et aller dans des nouvelles villes, et essayer de me perdre par toutes les façons j’avais beau j’avais beau, il y avait plus autant l’excès et plus autant la fougue et plus autant la vitesse, je l’ai jamais retrouvée l’intensité la grande grande intensité l’immense puissance mineure, comme quand on tripait dans un show et qu’on disait C’est puissant et qu’on disait C’est violent et qu’on disait Ça arrache, je l’ai jamais retrouvée cette jouissance-là à part des fois en écrivant et c’est pourquoi ces fuites.

EXTRAIT LONG

 

Jo et Dédé je suis allé chez eux des dizaines et des eux sont venus chez moi une couple de fois moins souvent que moi chez eux parce que j’habitais en campagne il y avait rien à faire chez nous et j’avais pas de Playstation et pas le câble et pas de Jos. Louis rien de vraiment intéressant à part peut-être les bisons de mon père mais on se tannait vite. Alors souvent les soirs de semaine et la fin de semaine j’allais chez Jo ou j’allais chez Dédé et on faisait des choses ensemble. D’habitude on faisait rien de bien intéressant on regardait le hockey et les nouvelles du sport et nos cartes de hockey ou on se promenait en bicyque on croisait d’autres jeunes dans le village on allait à l’aréna ce genre de choses. mais cette fois-là cette fin de semaine-là Jo il avait une blonde il m’avait dit Je sors avec Stèf si tu veux tu peux venir on va aller chez son amie Mart. Et moi j’étais jaloux qu’il ait une blonde et pas moi mais j’avais rien de mieux à faire de toute façon alors j’avais dit O.K. et on avait marché ensemble dans le village et on avait retrouvé sa blonde et on était allés chez Mart que je connaissais un peu pas beaucoup. Sa blonde elle venait pas de Thurso elle venait de Papineauville elle avait pas une bonne réputation elle avait juste treize quatorze ans mais tout le monde en parlait comme d’une salope on disait qu’elle fourrait et qu’elle changeait de gars tout le temps et ce genre de choses c’est comme ça que les gars parlaient des filles comme Stèf c’était pas doux. Et Jo il le savait et il les disait lui aussi ces choses-là mais il s’en crissait il était tout fier tout content d’avoir une blonde le Jo. Et pendant qu’on marchait dans les rues pour aller chez Mart ils se tenaient par la main Jo et stèf, et moi j’étais tout jaloux j’avais jamais tenu une fille par la main moi jamais frenché jamais rien fait et j’aurais voulu moi aussi. On est arrivés chez Mart chez les parents de Mart mais les parents ils étaient pas là alors on avait la maison pour nous autres tout seuls. C’était une maison sur la rue qui descend vers la rivière vers le ferry une maison pauvre. Et c’était Thurso la ville avec l’usine de pâtes et papiers la ville où ça pue tout le temps alors ça puait c’était thurso. Et Mart elle était maigre peut-être qu’elle mangeait pas assez je sais pas en tout cas elle était maigre et toute pâlotte Mart. Et on avait traîné dans le cabanon derrière la maison, Mart en avait fait une sorte de refuge un boudoir mais on aurait pas dit boudoir plutôt une shed une cabane où c’est qu’elle allait pour être seule et inviter ses amis des fois. Puis après on était rentrés dans la maison on s’était installés sur le sofa pour regarder un film. Et moi tout ce temps-là je regardais Stèf et je regardais Jo, je regardais Jo et Stèf mais je regardais surtout Stèf, elle était déjà développée cette fille elle avait des seins et elle avait des hanches et elle avait la peau foncée et elle avait les cheveux très très noirs, je pense qu’elle devait avoir du sang indien cette fille-là elle était racée à souhait je la trouvais belle j’étais jaloux. Elle portait du rouge à lèvres aussi et elle avait dû se rendre compte que je la matais Stèf. J’aurais pu regarder Mart j’aurais pu essayer de me rapprocher de Mart mais j’y ai même pas pensé qu’on aurait pu être ensemble avec Mart, que ça aurait été normal qu’on se pogne Mart et moi ç’aurait fait deux couples deux couples d’amis Jo et stèf et puis Mart et moi. Pour moi la fille qui frenche et la fille qu’on peut toucher c’était Stèf parce que je la voyais devant moi qui frenchait mon ami Jo et qui se laissait toucher par mon ami Jo qui était peut-être pas vraiment mon ami mais quand même. Et Mart elle était pas laide elle était même mignonne je pense bien, elle avait des cheveux châtains frisés et un visage fin elle était pas laide Mart mais elle était maigre et sèche elle avait pas de seins. Et puis elle me regardait pas Mart elle devait être gênée, elle me regardait pas Mart alors que Stèf me regardait, elle voyait que je la matais Stèf et elle me jetait des regards, elle avait du rouge à lèvres et du mascara et du maquillage noir autour des yeux et elle me lançait de ces regards à travers ses contours noirs et ses cils mascara. 

Et pendant le film Stèf et moi on était assis un à côté de l’autre au milieu du sofa, c’était un vieux sofa brun comme on en voit d’habitude dans les sous-sols de banlieue mais là c’était pas le sous-sol c’était le salon, on était assis au milieu du sofa brun Stèf et moi, et à un bout de mon côté il y avait Mart et à l’autre bout du côté de Stèf il y avait Jo. Et Mart avait apporté une couverte et Stèf et moi on s’était abrillés avec la couverte, elle était pas assez grande pour nous quatre la couverte, du coup il y avait seulement Stèf et moi qui étaient sous la couverte. Alors Stèf elle était entre Jo et moi, et Jo c’était son chum depuis quelques jours elle sortait avec lui c’était mon ami. Et Jo il lui prenait la main droite à Stèf pendant qu’on regardait le film, il lui prenait la main droite et il lui caressait la main droite. Et le film était commencé et pendant ce temps-là Stèf et moi on se rapprochait en dessous de la couverte on se rapprochait, on se collait les cuisses de plus en plus près et on s’effleurait les mains tout doucement ce genre de choses. Et c’est elle je pense qui m’a pris la main la première, elle était dégourdie la Stèf et elle m’a pris la main droite avec sa main gauche en dessous de la couverture, tout ça pendant que son chum mon ami lui tenait et lui caressait la main droite en dehors de la couverte, et à l’autre bout du sofa il y avait Mart qui se doutait de rien et qui faisait rien et qui se rapprochait pas de moi. Et on a regardé le film comme ça Stèf et moi, en se caressant sous la couverte, pendant qu’elle elle donnait aussi son autre main à Jo au-dessus de la couverte. et pour moi c’était la fin du monde j’étais excité excité tellement excité c’était la fin du monde. 

PRESSE & ÉCHOS

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