Des voix paniquées rebondissent sur les hublots
#Cuenca-#Quito, #Équateur, 23 septembre 2018 Un avion survole les ocre labours des Andes. Le pilote d’une voix calme annonce des turbulences. L’avion s’ébat comme la queue d’un chien, de gauche de droite dans le ciel moucheté, puis de bas en haut comme un museau joueur. Tout descend subit sauf le cerveau et le cœur, qui restent suspendus dans les hauteurs, roulent avec les yeux dans les orbites lourdes, ne retrouvent plus le chemin du corps. Des passagères font la vague en s’
De l’autre côté du gouffre des maisons s'accrochent à la falaise
#Quito-#Cuenca, #Équateur, 4 septembre 2018 Une voiture jaune serpente à flanc de montagne, au-dessus d’un abîme sans pardon, vers l’aéroport sur son perchoir venteux. De la fenêtre du taxi on joue au jeu de la chute : on imagine la roue qui dérape, échoue à mordre et entraîne la masse; on imagine les tonneaux sur la pente raide, le choc blanc des nerfs qui savent, dans l’euphorie des hormones et des sens en éveil – comme cet autobus, en Équateur il y a deux semaines, a plong
En pleine nuit un avion nous parachute au milieu des montagnes
#Quito, #Équateur, 3 septembre 2018 En pleine nuit un avion nous parachute au milieu des montagnes, dans les fronces de la robe andine, et nos talons résonnent sur le parquet ciré : aéroport d’acier et de verre, palais des glaces sur un relief aride. Un autobus nous emporte vers la ville, glisse sur le ruban de la route neuve, comme une bille sur les parois d’une vasque, tournoie véloce vers le noir chu, le long des pentes dynamitées, bétonnées, d’un gris verdâtre et très lis